En 2015, année qui va marquer le 70e anniversaire de sa mort, on risque de beaucoup parler du scandale de la maison natale du Führer, située dans la petite ville de Braunau. Cette bâtisse au crépi jaune – jusqu’ici passée inaperçue – constitue une verrue de plus en plus voyante sur le visage, pourtant impeccable depuis quelques années, de la politique mémorielle autrichienne. L’Etat est locataire des lieux depuis 1972, afin d’éviter qu’ils ne se transforment en étape de pèlerinage pour les nostalgiques.
Selon son porte-parole, Alexander Marakovits, le ministère autrichien de l’Intérieur paye 4 800 euros de loyer mensuel, depuis trois ans déjà, à une propriétaire qui refuse toute idée commémorative. Cette dernière se contente d’encaisser les chèques, alors que ses murs ne sont plus occupés. Elle rejette, entre autres, un projet de «maison de la responsabilité», validé par le conseil municipal et dans les cartons depuis… l’an 2000. «La célèbre militante antinazie Beate Klarsfeld et des milliers de personnes soutiennent pourtant cette idée, qui suscite un large consensus politique en Autriche»,rappelle à Libération son initiateur, l’historien Andreas Maislinger. La propriétaire, Gerlinde Pommer, fuit tout contact avec la presse. Dès les années 30, sa famille fit du business en transformant la chambre où naquit le petit Adolf, le 20 avril 1889, en musée mimi-pinson. En 1938, selon une enquête assez indignée de l’hebdomadaire viennois Profil, elle vendait la maison à un prix exorbitant au NSDAP… pour la récupérer dès 1954. Les Pommer ayant réussi à faire avaler à la République, bien peu regardante, qu’ils avaient dû céder leur bien sous la pression. Trois générations plus tard, l’heureuse héritière semble très loin de renier cet encombrant passé, dans cette région de Haute-Autriche où la présence d’une mouvance néonazie préoccupante devrait l’inciter à montrer patte blanche. Etant donné l’importance symbolique du bâtiment, le dossier est devenu explosif pour le gouvernement, jusqu’ici assez passif. Pour signifier sa gêne, il a commandé un rapport, afin d’étudier les possibilités d’une expropriation.